Depuis 2008, la rupture conventionnelle est une procédure de rupture amiable du contrat de travail. C’est le moyen idéal de quitter une entreprise, si vous êtes en CDI. En effet, cette rupture vous permet de prétendre aux allocations de chômage, ce qui peut vous permettre de bénéficier d’aides à la création d’entreprise, par exemple. Contrairement au cas d’une démission classique, où vous ne percevez rien. Mais la rupture conventionnelle ne s’improvise pas. Sachant que l’employeur n’est pas tenu de l’accepter, votre demande de rupture conventionnelle doit être soigneusement préparée. Il vous faut donc affûter vos arguments et les développer à votre employeur afin de le convaincre du bien fondé de votre demande. Nos quelques conseils et pistes de réflexion vous aideront à passer à l’action pour trouver quels arguments donner pour votre rupture conventionnelle.

Renseignez-vous

Avant de foncer tête baissée dans la procédure de rupture conventionnelle de votre contrat de travail, essayez d’en savoir plus. Y a-t-il déjà eu des cas de rupture conventionnelle dans votre entreprise ? Comment se sont déroulées les négociations ? Comment la direction a-t-elle perçu cet épisode ? A-t-elle écouté et entendu les arguments du ou des salariés concernés ? Les choses ont-elles été rapides ou au contraire cela a t-il pris beaucoup de temps ? Bref, menez votre petite enquête, histoire de savoir à quelle sauce vous risquez d’être mangé, cela vous permettra d’anticiper. Renseignez-vous également sur vos droits concernant l’indemnité de départ. Sachez qu’elle doit être au moins égale à ce que vous toucheriez en cas de licenciement. Consultez votre convention collective car si certaines dispositions y sont plus avantageuses, ce sont celles-ci qui seront appliquées. Pour avoir une idée du montant de votre indemnité, comptez ¼ de votre salaire par année d’ancienneté si vous êtes dans l’entreprise depuis moins de 10 ans. Puis ⅓ de votre salaire par année supplémentaire au-delà des 10 ans. Maintenant que vous savez un peu mieux dans quoi vous vous engagez, il est temps de préparer votre argumentaire.

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Listez vos Arguments

Cette phase est très importante, car elle conditionne la réussite de votre négociation. Il est vrai que comme pour une démission classique, la loi ne vous oblige pas à motiver les raisons de votre souhait de quitter l’entreprise. Mais dans le cas d’une rupture conventionnelle il s’agit de convaincre votre employeur de vous laisser partir, tout en payant, alors qu’il n’y est pas contraint. Ça vaut bien une petite explication !  Les arguments pour envisager une rupture conventionnelle ne manquent pas : 

  • Les motifs de votre départ peuvent être personnels ou familiaux : voyager, déménager, monter votre entreprise, entreprendre une reconversion ou suivre une formation, profiter de vos enfants …
  • Ou votre envie de départ peut être liée à l’entreprise, comme un poste devenu ennuyeux, une charge de travail qui s’est alourdie, l’arrivée d’un nouveau collègue avec lequel vous ne vous entendez pas, un esprit d’entreprise qui ne vous correspond plus … 

Quelles que soient les raisons qui vous poussent à partir, exposez-les honnêtement, sans être discourtois, bien entendu. N’inventez pas de faux prétextes, ou vous risquez de vous empêtrer dans des mensonges inextricables. Imaginez que votre employeur essaie absolument de vous garder en tentant de résoudre un faux problème, et la situation pourrait vite devenir compliquée ! À contrario, exposer les problèmes permet parfois de les résoudre. Et si la direction vous proposait quelques ajustements, peut-être pourriez-vous voir les choses différemment et être tenté de rester ? 

Si Vous êtes sûr de Vous

Si votre décision de quitter l’entreprise est irrémédiable, arrangez-vous pour faire ressentir à votre employeur que l’intérêt d’une rupture conventionnelle est commun. Votre baisse de motivation, voire votre désintéressement nuisent à votre efficacité et à la productivité de l’équipe. Votre morosité risque de déteindre sur vos collaborateurs. Faites comprendre à votre patron qu’un salarié mal dans son entreprise fait du moins bon travail et que cela a des répercussions. Mais attention à ne pas trop en faire, car si votre employeur refuse la rupture conventionnelle il sera difficile de faire machine arrière en jouant l’employé modèle et ultra motivé ! Pas sûr qu’il soit convaincu de votre bonne volonté ! 

Choisissez le Bon Timing

  • Prévoyez d’exposer votre demande suffisamment longtemps avant votre départ. Cela vous permet de rester souple sur le choix de la date en ne rendant pas ce point trop sensible. Il faut laisser à la hiérarchie le temps de digérer l’information, et le temps aussi de s’organiser. Vous pouvez rassurer les dirigeants en leur proposant de former votre successeur, pour leur montrer vos bonnes intentions. Soyez conciliant car même si vous avez des griefs ou des rancoeurs, il faut éviter de partir en mauvais termes. Soyez pro jusqu’au bout pour ne pas donner matière à un rejet de votre demande. Après tout, ne vaudrait-il pas mieux pour les finances de l’entreprise que vous démissionniez ? 
  • Attendez de préférence la période calme de l’activité. Les arguments de votre rupture conventionnelle seront mieux écoutés et sûrement mieux perçus en dehors d’une période de rush. Demandez un rendez-vous directement avec votre patron, afin qu’il ait du temps à vous consacrer. Lui glisser l’info entre deux portes est une très mauvaise idée. Agir ainsi ne laisserait aucune place à votre argumentaire si bien préparé. Pour les mêmes raisons, ne faites pas votre demande de rupture conventionnelle par courrier et ne passez pas par la voie hiérarchique, cela pourrait être mal pris par le patron et donc nuire aux négociations.

Tout compte fait, il est aussi important de réussir son départ d’une entreprise que son arrivée. Même dans le monde du travail, se quitter sereinement n’est pas si facile. Il s’agit de trouver un terrain d’entente afin que personne ne se sente lésé. Exposez vos arguments concernant cette rupture conventionnelle mais sachez en retour écouter ceux de la direction. Vous n’êtes pas sur le sentier de la guerre, bien au contraire, vous cherchez un accord amiable, alors soyez prêt à faire un pas. Et sauf si le torchon brûle déjà entre votre employeur et vous et que plane l’ombre des Prud’hommes, n’oubliez pas qu’une bonne négociation vaut mieux qu’un mauvais procès.